Association de Transplantés Pulmonaires
Don d’organes, don de vie…
Témoignage de Gaby
Je m’appelle Gaby. J’ai été transplantée du poumon gauche le 23 janvier 2006. C’était en 2003 que les médecins avaient
diagnostiqué chez moi un emphysème pulmonaire. Au moment du diagnostic, je ne savais pas que c’est une maladie qui évolue
et qui ne s’arrête pas.
En quelques mois, l’évolution était telle que je ne pouvais plus effectuer mes travaux de tous les
jours comme faire le ménage, m’occuper de mon jardin, etc. La maladie m’envahissait à grands pas et mon état de santé se
dégradait rapidement.
Le 17 avril 2004, après une courte hospitalisation pour des problèmes respiratoires, j’ai été placée
sous oxygénothérapie. On m’a mis un concentrateur d’oxygène à disposition pour me faciliter un peu la vie de tous les jours.
Je me retrouvais donc « rattachée » à cette machine.
Le lendemain, dimanche 18 avril 2004, je n’ai pas pu assister à la
première communion de ma petite-fille Adeline, dont je suis également la marraine, ce qui m’a fait beaucoup de peine.
Comme si ça ne suffisait pas, ma mère a dû être hospitalisée d’urgence le vendredi 23 avril 2004. Les médecins ont
diagnostiqué chez elle une leucémie aiguë à un stade final déjà. Ma mère est décédée le 2 novembre 2004 suite à cette maladie.
J’ai assisté à son enterrement dans une chaise roulante avec mon appareil d’oxygène portable. Je n’en pouvais plus et je
me suis dit que je n’avais plus rien à perdre…
C’est mon médecin généraliste traitant qui, un jour, lors d’une de ses
nombreuses visites chez moi, m’a dit de me faire transplanter des poumons. J’avais déjà entendu parler de différentes
transplantations, mais pas pulmonaires. De toute façon, je n’étais pas décidée à me soumettre à une telle opération.
Après de nombreuses et très longues discussions avec mon entourage, j’ai quand- même été prête à aller à Mont-Godinne pour
des examens afin de voir si j’étais candidate pour une transplantation. Et oui, je l’étais !
Le 11 janvier 2006, je me suis enfin décidée à me faire transplanter. Accompagnée de mon conjoint et de mes deux enfants,
je suis allée chez le docteur Evrard pour m’inscrire sur la liste de Eurotransplant.
Persuadée que j’allais devoir attendre au moins 6 mois, j’ai été terrifiée lorsque le 23 janvier 2006 à 17 heures, après
12 jours d’attente seulement, la clinique de Mont-Godinne m’a appelée en me disant qu’un poumon était disponible.
J’ai demandé 10 minutes de réflexion et je me suis jetée à l’eau.
J’ai averti mes enfants et le reste de la famille et suis partie à Mont-Godinne où l’on m’a accueillie les bras ouverts.
Tout a été très vite. Après une analyse de sang et une radiographie du thorax, on m’a emmenée au bloc opératoire.
Là, on m’a posé différents cathéters et puis on m’a endormie. Mes enfants et mon conjoint ont attendu pendant deux heures,
jusqu’à ce qu’on leur dise que c’était bien parti et que le poumon était « compatible ». Ils sont donc rentrés.
Le lendemain à 15 heures, mes enfants sont venus me voir aux soins intensifs. Ils ont été assez effrayés vu le nombre
de machines, de tuyaux et de pompes que j’avais autour de moi. En plus, le tube que j’avais en bouche et par lequel une
machine me ventilait, ce n’était pas très beau à voir. En me voyant comme cela, ma fille a décidé d’arrêter de fumer.
C’était positif. Moi, je n’ai aucun souvenir de cette première visite. Pourtant, mes enfants m’ont dit que j’avais les
yeux grand ouverts et que j’ai même essayé de parler, ce qui, bien sûr, était impossible à cause du tube de ventilation.
J’ai été très agitée parce que j’étais en état de sevrage de calmants que je prenais depuis des années pour supporter
ma maladie. Mais le personnel médical a su me calmer.
Le tube de ventilation m’a été retiré ce jour-là à 23 heures et on m’a réveillée pour de bon. J’ai passé plusieurs
jours aux Soins Intensifs où j’ai été très bien soignée. Après, je suis allée en chambre d’isolement. Mes visiteurs devaient
porter un masque, des gants et un tablier stériles pour minimiser le risque d’infection. Je suis sortie définitivement
après 3 semaines d’hospitalisation.
Aujourd’hui, je me sens toute neuve. J’ai recommencé à vivre. Je fais mon ménage, la cuisine, des courses, et plein
d’autres choses, ce qui m’était impossible avant. Je pense au donneur chaque jour, puisque sans lui je ne serais plus
de ce monde… J’ai eu une seconde chance, grâce à cette personne et à sa famille, qui, peut-être, a dû donner son accord
pour le prélèvement de l’organe.
Je ne saurai jamais qui était cette personne, mais je la remercie du fond du cœur.
Je tiens également à remercier le personnel médical, les médecins, professeurs, chirurgiens et tous ceux que j’ai oubliés.