Association de Transplantés Pulmonaires
Je m’appelle Jean Pierre. Dans quelques mois j’aurai 65 ans.
Voici mon histoire.
Je n’ai jamais été un sportif dans l’âme ni ce que l’on appelle un costaud ce qui ne m’empêchait
pas d’être particulièrement dynamique. Tout comme beaucoup de jeunes, je me suis mis à fumer vers
13 ou 14 ans par bravade pour faire sans doute le mec et l’intéressant.
Quelle erreur ! Si j’avais su à l’époque ce qui se passerait plus tard jamais la cigarette n’aurait
eu de place dans ma vie. Vers 1995 commence la toux régulière, un peu d’essoufflement.
Sur insistance de mon épouse je consulte un pneumologue. Le verdict : Monsieur, vous faites de l’emphysème.
Il faudrait faire de l’exercice pour vos poumons et arrêter de fumer.
A ce moment je suis très loin de l’écoute. Je marche encore régulièrement très vite et sans trop de problèmes.
Je cours aussi mais il est vrai moins souvent. Bref j’oublie les conseils du pneumologue.
Mais, l’emphysème est une maladie sournoise qui vous dévore petit à petit et sans que vous ne vous en rendiez compte.
Au fur à mesure de sa progression, j’adaptais mon rythme de vie. Je ne courrais plus, je marchais de moins en moins.
Je mettais tout sur le compte de l’âge, sur mes activités professionnelles qui me prenaient trop de temps pour
entretenir mon corps. Bref, je ne voulais pas voir la réalité. Les ravages de cet emphysème boulimique étaient
on ne peut plus présents. Et puis 2006, c’est le coup de massue. En ramassant une bouteille en plastique,
j’étouffe, j’ai des difficultés à reprendre ma respiration.
Cette fois, j’écoute le pneumologue. Je commence la kiné respiratoire.
Je vais un peu mieux. Mais l’emphysème poursuit inexorablement la destruction de ce qui me reste de
capacité pulmonaire. Je mange de moins en moins car cela m’essouffle. Je perds du poids et je me retrouve
hospitalisé à différentes reprises. Ma liberté de mouvement est de plus en plus entravée. J’ai de plus en
plus difficile à parler sans devoir m’arrêter pour reprendre ma respiration. Je dois me résoudre à
abandonner mon travail. Faire de la kiné devient aussi de plus en plus dur. Finalement je me retrouve sous
oxygène quelques heures et puis 24 heures sur 24. A ce moment marcher se limite à une dizaine de mètres,
la kiné à mettre tout en oeuvre pour me maintenir une masse musculaire et surtout à me
préparer à subir cette greffe pulmonaire tant attendue. Se retrouver à l’état de légume était pour moi
inacceptable et la greffe la seule issue même si je savais que la garantie de réussite n’était pas de 100%.
Certes cela fait peur car c’est l’inconnue du résultat mais la liberté sous toutes ses facettes est une
force que l’on ne peut imaginer et qui vous motive. L’attente est aussi stressante que le coup de fil.
Et puis un jour c’est arrivé. Je suis appelé pour cette transplantation tant espérée.
Dire que ce fut une partie de plaisir est faux. Ce fut très dur de sortir des dommages collatéraux de l’opération.
Regagner la masse musculaire perdue lorsque l’on n’a déjà pratiquement plus rien demande beaucoup de volonté,
un moral de fer. C’est à ce moment que vous comprenez mieux combien les médecins et les kinés avaient raison
de vous titiller, de vous obliger à travailler vos muscles avant l’opération et bien sur après. Il faut aussi
souligner combien est important le soutien du personnel hospitalier pour retrouver sa mobilité, tout comme les
encouragements des personnes déjà greffées vous motivent. L’opération en elle même me direz- vous?
Aucun souvenir ni de douleurs insupportables. Etre entouré, choyé par ses proches est aussi un formidable dopant
moral qui m’a permis de toujours progresser.
Aujourd’hui après six mois de greffe, je marche sans problème, je parle, un véritable moulin disent certains.
Je peux rejouer avec mes petits enfants, faire de longues promenades. Bref, un véritable cadeau de la vie
qu’il faut apprécier, qu’il faut respecter et entretenir en remerciement. Si aujourd’hui, j’existe, c’est grâce
entre autres à la solidarité de tous ces donneurs anonymes. Si vous lisez ce petit billet d’un greffé soyez aussi
solidaires et inscrivez vous comme donneurs dans votre commune. Jeunes gens jetons cette cigarette qui non seulement
nous coute mais aussi nous empoisonne petit à petit mais surement.
Jean-Pierre